Violaine Dejoie-Robin

J’utilise une technique qui peut s’apparenter à de la tapisserie : je compose l’image point par point. Le geste fait corps avec un travail archaïque. Consécration de la durée et renouveau d’un rythme intérieur. Le support est un filet de pêche sur lequel je noue, d’une demi-clé à chaque intersection, des bandes de tissus en toile de spi. Au préalable, je réalise un canevas obtenu par la compression numérique d’une photo que je mets en scène.

La particularité de cette image tissée est sa visibilité des deux côtés. Il n’y a pas d’envers mais une matière différente : d’un côté la trame des points (les noeuds), et de l’autre, les rubans formant l’image comme une peinture à grands traits de pinceaux. Je considère la fin d’un tissage quand je l’installe en pleine nature. Il faut un certain recul pour le découvrir dans son ensemble. Chaque tableau est installé dans un lieu particulier, et est photographié. La rencontre, l’entrecroisement, l’interaction du tableau et du site trouvent son aboutissement dans l’espace du paysage. La distance de vue nécessite généralement un recul de 20 à 90 mètres.

“ABANDON”

“Une jeune fille malade, maltraitée et abandonnée de tous, meurt à l’âge de 22 ans en 1601. C’est l’histoire de Ste Geneviève. Quarante ans après sa mort, son corps est retrouvé intacte une couronne de fleurs des champs sur la tête. Elle sera béatifiée deux cent ans plus tard. Dessiné par Dominique Ingres, son regard résume l’innocence et la solitude de sa vie terrestre. Elle est la patronne des anonymes qui souffrent, des déshérités et de ceux qui disparaissent en silence.”